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IRÈNE ET LES EUNUQUES

remercia d’avoir ainsi replacé sa disciple Irène au faîte de la vénération publique. L’empereur sembla déchu dans l’esprit de la foule, comme stratège et comme ami.

Il ne fut pas sans, lui-même, s’apercevoir de ce changement. Furibond, il rendit les Arméniaques responsables de tous ses déboires. Il laissa le ministre d’Irène préparer longuement la répression que méritaient ces prétoriens ; car ils ne craignirent pas, en novembre 792, d’emprisonner leur nouveau stratège, d’aveugler un protospathaire et le chef des Bucellaires, Chrysocheir. En avril 793, les légions insurgées se trouvèrent, de toutes parts cernées et durent offrir leur soumission en livrant les meneurs. Solennellement, en face de leurs lignes, rebondirent les têtes coupées des turmarques agitateurs, Andronic et Théophile, puis de Grégoire, évêque de Sinope. Mille des plus compromis parmi les soldats furent ramenés. Introduits à Byzance par la porte des Blaquernes, au milieu d’une foule énorme applaudissant leur défaite sous l’ardeur du soleil de juillet, ils furent marqués au front de trous noircis qui formaient les caractères : Arménien traître. D’ailleurs, les Arabes, grâce au désordre de la révolte, s’emparaient de Comanum et de Thebasa. Dès lors, la haine du peuple fut définitive, et elle approuva que les militaires incorrigibles fussent bannis en Sicile. Enfin, Irène et Jean respirèrent. Ils tenaient à merci leurs adversaires après quatre ans de luttes implacables et tragiques. Ils s’assurèrent ainsi que nul ne conspirerait plus au