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IRÈNE ET LES EUNUQUES

— Et tu auras deux cœurs pour te chérir,… poursuit Irène aimante,… deux âmes pour te penser, deux pouvoirs pour te rendre semblable aux puissants.

— Je ne veux qu’aimer Constantin.

— Il te hait !… gronde Irène, la serrant plus dans ses bras.

— Je l’aime. Je le ramènerai jusqu’à moi lorsqu’il sera vieux et que ses instincts auront perdu leur vigueur.

— Il t’a menacée de mort. Il a parlé de pierres qui tombent à propos du haut des murs lézardés.

— Je l’aime pour le jour où il cessera de vouloir ma mort.

— Si tu l’aimes, cesse de le faire souffrir,… conseille Jean, logique… Ce matin encore il se roulait à terre, dans sa rage, parce que Théodote lui refuse des baisers depuis qu’elle se croit mère. Les pêcheurs arrêtent leur barque afin de l’entendre se lamenter.

Marie saccage sa chevelure :

— Il faudra que je mente en avouant le crime faux ; il faudra que je perde à jamais la vue de Constantin.

Irène l’étreint mieux contre son cœur.

— Ta raison va consentir.

Jean exploite la menace de César :

— Si la pierre tombe du vieux mur, par hasard, tu n’auras plus la chance de revoir jamais l’Autocrator. Mais, si tu avoues, tu sortiras du cloître, plus tard. Vieux, il reconnaîtra ton dévouement, il te rendra sa confiance.