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IRÈNE ET LES EUNUQUES

compassion eût déterminé les pires catastrophes. La félicité d’une seule femme ne pouvait être cause d’émeutes, de conflits, de bagarres et de morts. Irène se décida.

Le dernier jour des fêtes religieuses consacrées à l’Épiphanie, comme Tarasios officiait dans l’église de Chalcé patriarcalement, et en présence de toute la cour, Eutychès attendit la fin du service, puis, s’étant incliné devant Irène, devant Marie d’Arménie assises sur leurs trônes aux côtés de l’autocrator, il les pria de confier au pontife ce qu’elles savaient sur les poisons.

Un murmure agita toutes les bouches. Ensuite il se fit un silence tragique rompu par le gémissement de la jeune femme. Irène dit à haute voix :

— Marie, tu ne nies plus ?

— Tu ne nies plus ?… répéta Constantin, oppressé… Parle.

— Il ne faut pas que je nie…, prononça Marie désolée…, car tu continuerais à souffrir.

Aussitôt, Constantin cria :

— Ta Sainteté a-t-elle entendu l’aveu ?

Le patriarche voulut se défendre contre une surprise :

— J’ai entendu… Je n’ai pas entendu un aveu spontané.

— Songe à ce que tu as promis, ma fille !… adjurait Irène montrant le ciel.

— Ton courage doit avouer… supplia Bythométrès, sans réticences.