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IRÈNE ET LES EUNUQUES

couronnement de Théodote. Au mois de septembre, l’abbé Joseph, hygoumène du monastère des Cathares fondé par l’empereur, célébra les noces en grande pompe à Saint-Mamas. Les fêtes durèrent quarante jours. Les courtisans respirèrent. Il ne fut plus question de contrôles superflus.

Tarasios s’abstint de prêcher contre le scandale. En vain le peuple dévot accourut au pied de sa chaire, et réclama l’excommunication de Théodote. On osa même prédire que le monarque ne mourrait pas en paix. Au grand dépit de son fils, Irène couvrit de sa protection ces ecclésiastiques hostiles. Ainsi parut-elle juste à l’intransigeance des fanatiques et des vertueux.

Or, persuadés par l’exemple suprême, des couples réclamèrent l’annulation de leur mariage. Ces requêtes affluèrent dans tous les évêchés. Le clergé ne sut que faire pour combattre une telle licence. Nulle réfutation plausible ne lui fut commode lorsque l’opinion l’accusa de déformer le dogme et la pratique selon les caprices des grands, tandis qu’il refusait les mêmes avantages aux fidèles. Certains abbés approuvèrent la censure publique. Les émules de Tarasios, ceux qu’il avait jadis frappés disciplinairement, leurs amis, se concertèrent pour vitupérer contre la faiblesse du patriarche. Les propres parents de Théodote, titulaires de grades liturgiques, adoptèrent cette idée. Du Palais on les pria de modifier leur sentiment. Ils ne se rétractèrent pas. On les menaça. Ce fut inutile. Et la pro-