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IRÈNE ET LES EUNUQUES

Eudocime qu’il devait bientôt revêtir d’une dignité pareille.

Éconduite par ses beaux-frères et son époux, Irène récrimina d’abord. Ses amis l’apaisèrent.

D’ailleurs la nature l’avait pourvue d’un fils. Grâce à lui, et se couvrant de l’affection maternelle, elle se trouvait en meilleure chance de réussir.

Néanmoins les années s’écoulèrent monotones.

Jean prophétisa la mort prochaine de Léon. Ses médecins et ses disciples propagèrent l’opinion. Ils allaient décrivant quels périls l’empire encourrait, sous un très jeune prince, si l’on ne s’empressait de le sacrer à l’avance. Les fonctionnaires et les officiers, heureux sous la dynastie, tremblèrent d’avoir à lutter contre un parti de succession, et la multitude turbulente des moines. Bythométrès entretint leurs craintes. Il fallait, dès l’heure présente, légitimer la souveraineté future de l’hoir, afin que nul ne préparât une restauration des anciennes races ou l’usurpation du pouvoir, en s’excusant par l’exemple du premier Isaurien.

Autour de Jean, les eunuques cubiculaires s’étaient, peu à peu, groupés. La plupart avaient passé le temps que consomme ordinairement l’amour à méditer sur les lois naturelles et politiques du monde. Pharès, Eutychès puis Staurakios, leurs chefs, s’instruisirent volontiers auprès du Mesureur de l’Abyme. Ensuite ils jugèrent bon de réunir leurs sagesses pour le bien de leur sort et celui de l’État. Leurs voix grêles se concertèrent. Leur politique agit.