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IRÈNE ET LES EUNUQUES

adversaires d’Irène et de Jean, les princes et le cadet des fils de Copronyme, ceux que Léon avait accueillis dans ses conseils.

Aussi, le jour de Pâques, retentit une immense joie dans Byzance. La fête religieuse ordinairement magnifique fut accrue d’un défilé. En costume impérial, la double couronne en tête, le manteau tissé de pierreries étendu sur la croupe de son cheval, Léon chevaucha, par-devant ses cinq frères et sa maison, autour de l’Hippodrome rempli d’une foule enthousiaste. La cavalcade étincelait sous le pesant soleil comme un léviathan aux écailles de feux colorés.

L’empereur avait une passion, outre Irène : l’amour des gemmes et des perles. Dans l’intérieur des chambres obscurcies, il passait les heures à faire fluer et ruisseler en ses doigts fins les eaux lumineuses des améthystes, des topazes, des rubis, des béryls, des chrysolithes. Pour tenir sans cesse à portée de son regard de telles féeries visuelles, il ordonnait que sa suite et ses ministres eussent leurs hardes couvertes de joyaux. Cela chatoyait sous l’admirable ciel à toutes courbettes des coursiers. Le peuple délirait, remué jusqu’aux fibres par la vertu des pierres.

Après les scholaires porteurs d’étendards, un char parut où se tenait, droite, la très belle Irène exaltant sur ses bras le nouvel empereur. Un rayonnement triomphal se dardait de sa personne quasi divine et qu’on savait si précieusement savante, en intimité avec les essences célestes et magiques. Dès sa venue,