Page:Adam - La Philosophie en France.djvu/450

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positiviste ne mérite donc ni le mépris ni les reproches dont on l’a trop souvent accablé. C’est un homme qui ne reviendra pas, quoi qu’on lui dise, à ce qu’il appelle la philosophie théologique ou métaphysique ; qu’il le veuille ou non, dans l’état d’esprit où il se trouve, il ne peut guère y revenir. Il a donc le choix, non pas entre son positivisme et d’anciennes doctrines auxquelles il a renoncé, mais entre sa nouvelle religion, la religion de l’humanité, et l’absence totale de principe qui dirige sa vie. Mieux vaut donc pour lui, et mieux vaut aussi pour la société humaine, que cet homme ait une règle de conduite, fût-elle prise dans le positivisme, que de n’en pas avoir du tout. Une religion est préférable, après tout, quand ce serait la religion de l’humanité, au manque absolu de toute opinion religieuse. Les positivistes, méprisés et raillés, pourraient faire envie à plus d’un qui n’ont pas de religion, et qui voudraient bien en avoir une. En tout cas, au lieu de faire pitié aux croyants d’une autre secte, ils devraient leur inspirer plutôt de la sympathie, comme également capables, sinon des mômes croyances religieuses, au moins du même sentiment religieux. Rappelons le mot de Lamennais sur Auguste Comte : « C’est une belle âme, qui ne sait où se prendre. » Si fait, Comte le savait fort bien ; seulement, au lieu de Dieu, il s’était épris de l’humanité.


fin