Page:Adam - Le Serpent noir (1905).djvu/165

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

il furetait dans les chaumières des campagnes pour découvrir une faïence, quelques sculptures d’armoires, un livre aux armes du surintendant Fouquet!... Ce furent les bonnes années!... Voila pourquoi je remercie, chaque heure, ma cousine Hélène, qui le détermine à l'accompagner, à l’instruire de nos coutumes. J’espere que la première âme de Jean ressuscitera. Voyez—vous : il se tue a respirer tous les poisons de cette étuve qui sent le fade… Peut-être - eût-il mieux valu qu’il continuât de soigner bonnement ses malades sans vouloir sauver tant de vies ! L’orgueil nous perd..., un orgueil intérieur qu’on ne montre pas, que ne trahissent pas les manières accueillantes, ni l’humeur égale, mais qui nous domine et qui nous a, tous les deux, asservis.

Elle cousait, en écoutant sa plainte m’avertir. Pour la première fois, se révélait alors son intelligence des menaces sourdes et subtiles qui naissaient autour d’elle. Confiante en madame Hélène, elle devait pourtant redouter la faiblesse du docteur, puisqu’e1le m’expliquait les raisons de sa tolérance devant les intimités de sa cousine et de son mari. Avant cette heure, je la classais comme une bonne dame, pas jolie, simple, courageuse, dévote et sans esprit, sauf pour veiller a la succulence de nos repas, à la propreté de la coiffe qui, de ses ailes, ombrait le minois plaisant de la petite servante. Mme Goulven m`apparut soudain comme une personne de grande sagesse. Je l’interrogeai plus habilement. Elle laissa poindre l’ambition de ramener vers la foi son mari qui s’en écartait toujours davantage. A ses yeux, le soin de faire son salut était la seule préoccupation qui pût consoler de tout: