Page:Adam - Le Serpent noir (1905).djvu/191

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deux bras fréles étendus faisaient l’ofïice d’un balancier douteux; puis ils s’agriffaient aux saillies des rocs, aux tiges des ronces, les _lâchaient des que les pieds étaient descendus d’un degré par cette route de lézards. Nous regardions anxieusement le chapeau de toile s’agiter au flanc du terrain presque concave. Dans sa course, la petite semblait rebondir comme une pierre lancée pour des ricochets. Elle ne buttait pas. Cependant elle poussa des cris plus aigus, des cris de peur. ` `

Nous l’appelàmes de nouveau sévèrement. Elle continua sa dégringolade sans nous répondre. J’estimai nécessaire de me risquer a la secourir, si je ne voulais pas être taxé de froideur par la veuve, et si je prétendais au titre de son ami. ])’ailleurs, pour un gymnaste, c’était une occasion merveilleuse d’obtenir sa reconnaissance ou d’augmenter, en tout cas, sa confiance. Je m’engageai sur la piste, m’accrochant aux plantes, me calant sur le plat de mes semelles, tantôt le corps en arriere pour retenir mon poids trop vite t attiré, tantôt laissant la pesanteur m’aspirer vers les éblouis du fond, vers les remous des petites vagues captives entre les cubes de granit noir. Il me fallut glisser, assis. Debout, j’oscillais trop: le moindre écart de mon pied eût déterminé ma chute dans Ie `cirque des blocs disparates ou mes os se fussent rompus. Gilberte y prit pied. A la racine de la falaise, le chapeau de toile noué sous le menton n’était plus qu’un point pâle sautillant d’aspérité en aspérité avec la courte jupe rouge appliquée par le vent sur les formes minces et alertes. Les petits bras en manches blanches devinrent deux des quatre pattes sur lesquelles l’enfant se traînait avec prudence au bord d’un roc