Page:Adam - Le Serpent noir (1905).djvu/226

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Y · LE SERPENT nom 221 gncs glaciaires: De l’horiz0u, cette armée de titans ` amenait, derrière elle, tout un décor d’0ssas et de Pélions obscurcis déja par les vapeurs des abîmes. Le soleil s’enveloppa. Des pans de pluie furent chassés par le veut vers les îlots solitaires, entourés de mouettes flânantes et criardes, plus blanches dans l`air assombri. L`averse arrivait. Elle frappa, de ses rayures obliques, l`Océan violàtre qu’elle effaçait der- ‘ riere elle, qu’elle rétrécissait entre sa toile dargent vif et les baies de cette morne côte assiégée par la rumeur des fantômes liquides grimpant aux bastipns de granit, lançant leurs tentacules d’eaux véhémentes, hissant leurs chevelures d’écumes jusqu`aux cimes des caps tristes, s’engoutl"rant, par tourbillons hur- _ leurs, dans les détours des anses mystérieuses, et, s’effondrant sur les lits de· goémons visqueux. ` Les rangs pressés de la pluie gagnèrent les falaises, brunirent les schistes, mouillerent les ajoucs. Ses pointes fines piquèrent nos visages nus et fustigerent nos pèlerines, vite déployées malgré les entreprises du vent qui pénétrait les laines de nos vêtements et les chairs de nos muscles. Gilberte essaya la resis- tance, en gambadant. Puis elle feignit d’ètre enlevée e_t de chavirer, les bras déclos, comme les mouettes en détresse dans l’air. Mm La Revelliere l`uppela sévèrement. L’infante devint maussade, furieuse, et ` se renfrogna sous le capuchon qu’on lui mit de force. Elle eut voulu suivre le docteur, qui nous précédait de beaucoup, seul, tirant sa bicyclette à travers les ronciers, dans les courbes des petits fjords ou la mer dégorgeait sa mousse. Les flocons d’embruns jaunes s`envolaient, telle une neige de tourmente, vers 'les déserts des pâturages et le village embu la—bas, au-