Page:Adam - Le Serpent noir (1905).djvu/297

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292 LE SERPENT Nom Aussi je crus utile de disserter sur l’architecture de la Renaissance. Diversion obligatoire. Mais j’avais su montrer à M“‘° Goulven, en tentant de la réconforter, que je jugeais son malheur certain, et que la sépara- tion, le célibat, je les estimais préférables à sa condi- tion présente. Grace a mon défaut ordinaire de sensi- bilité, mon témoignage possédait, en ces matières, une valeur péremptoire. Lorsque je poursuis une affaire, j’ai coutume de préparer lentement et prudemment, « a la muette », mes moyens. Dès l’heure propice, je me démène, je ne m’accorde ni délai ni répit, je précipite mes atta- ques, je me tourne et retourne, je bouscule sans ré- mission les pensées adversaires, jusqu’a ‘l’instant du succès ou de l’échec. J’en étais à ces jours décisifs de l’action, pour l’affaire du sérum Goulven. ll fallait, avant le retour a Belle-Ile, soustraire le docteur à la maladie et a la misère, aiin que ses découvertes pussent nantir la Compagnie des Produits pharma- ceutiques et le courtier, afin que son talent sauvàt des milliers de vies humaines, « mille et mille vies », comme disait sa femme. Et je tenais l’instrument de- la victoire : cet amour un peu nigaud de madame Hé- ` lène, devenue passive entre mes mains. Je n’ajoutais aucune foi, naturellement au silence que tous deux prétendaient avoir gardé sur leur ado- ration réciproque. Néanmoins, Piuvraisemblable est vrai par hasard. Aussi, je résolus de tirer la chose au clair. Le lendemain, pendant que le vapeur nous trans- portait a _Concarneau, par‘une mer lisse et bleue, semee de petites voiles, j’emmenai la belle veuve