Page:Adam - Le Serpent noir (1905).djvu/362

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_ ' `LE SERPENT Nom 357 Elle demeura rigide et hagarde. Chose bizarre, elle me partit alors, et pour la seconde fois, une femme désirable. Le vent collait la jupe à ses jambes fermes et droites, à ses hanches virginales. Le souffle hale- tant de ma victime gonflait sa gorge solide, enfouie pudiquement,à. l’ordinaire,sous les plis et les vilaines guipures de ses blouses. Elle m’apparut comme une sorte de sauvage dont les levres salées, dont les membres durs eussent été beaux à posséder, après la lutte, contre ce rocher affreux mouille par les pous- sieres liquides. L’attente de ma victoire morale me donnait le goût physique de la terrasser. Elle cria: — Alors, si je suis la meme que vous, c'est que `je ifacoomplis pas mon véritable devoir, c’est que je nm fourvoie !... Si je vous ressemble, c`est que je suis indigne de moi... — Vous auriez pu me laisser vous dire cette poli- tesse, chère madame! — ripostai—je, vexé mais cour- tois. -— Si je suis indigne de moi, c’est qu’Hélène n’au- rait pas tort! I —— P'eut—être bien!... _ · Je jugeaî bon d’arrêter la notre controverse, et nfécartai sous prétexte de tendre la main Et l\i‘“° La Revellière, toute en peine de gravir une grosse pierre, bien que le guide la poussàt. Cet homme nous conduisit plus avant. Il fallut doubler l’extrême Pointe du Raz. Nous.titubâmes dans une sente vague entre des cailloux géants et divers, gibbeux, eornus, en tas parmi les blocs qui étayent l’énorme éperon de granit opposé aux démences de la mer. Une corde fut attachée aux tailles de ces dames. Je saisis un bont, et le guide prit les devants avec l’autre. Abandon-