Page:Adam - Le Serpent noir (1905).djvu/99

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94 LE sizurmnr Nom gences. Je tentai de surprendre l'assentiment de M"" Gilberte. Droite et osseuse dans un costume de flanelle beige, elle-même aussi roîde que Pempois de son col marin, elle finit par répondre que je ressem- blais aux Chinois des livres illustrés. Ce qui permit a M"‘° Goulven de convertir en plaisanteries la mau- . vaise impression. Son mari blémissait. Elle se hata de rétablir la conversation interrompue par mon entrée. La fillette avait lu quatre tomes de mémoires historiques depuis une semaine. Cela comblait d’ad- miration l’assistance. Madame Hélène remercia chaleu- reusement le docteur d’avoir inculqué le gout de la lecture aune enfant jusqu’alors trop peu curieuse des ouvrages graves. Et l\l“*° La Ptevellière, de sa voix virile, renchérit. Je me sentis presque gêné. Anne- Marie annonça que madame était servie. Nous pas- sàmes sur la terrasse, ou le couvert étincelait à l’ombre d'une tente. Pendant ces quelques minutes, j’avais seulement examiné les splendeurs physiques de M*“° Hélène. l.’air moqueur du visage trahissait la ruse perpétuelle de son génie. Les goguenardises de ses yeux malins signiiiaient : « ll veut nous étonner par son inso- lence! Tactique assez banalel » Au demeurant, je ne voulais pas souffrir de la chaleur. Je m’assis a la droite de M'“*‘ Goulven, qui me séparait de Gilberte. Devant moi, la jeune veuve s`installait a la gauche de notre hôte, M'“° La Rovellière occupant la place d’hon- neur. ' 011 commença de manger en silence. Je sentis que les convives étaient fort mécontents de moi. Pour rompre la glace, je rappelai que, jadis, j’avais eu Pavantage de souscrire à un banquet d’économistes