Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/128

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guère d’où il venait, quelle était sa destination finale. Trouvant la charge lourde, il se contentait de la porter. Croyant en ses incroyances, il se disait respectueux de la foi des autres, quelque forme qu’elle pût prendre. Beaucoup de disciples d’Auguste Comte suivirent Littré dans son évolution, ou plutôt se détachèrent comme lui d’un système qui concluait en sens contraire de ses prémisses.

Au début du dîner, Hippolyte Carnot, attiré par Mme d’Agoult sur le sujet qui lui allait le plus au cœur, parla de ses fils Sadi et Adolphe ; Sadi, l’aîné, alors à l’Ecole polytechnique, lui donnait la grande joie de partager toutes ses idées, et il avait placé sur sa tête ses espérances de revanche politique.

Dupont-White, de son côté, répondait à toutes les interrogations de Mme d’Agoult sur sa fille aînée qui, à peine âgée de quinze ans, l’aidait dans ses recherches, avait l’ambition de remplacer son secrétaire. Les travaux de son père sur le moyen âge la passionnaient ; ils étaient d’ailleurs pour nous tous une révélation. Le moyen âge vu au travers des sombres couleurs du romantisme s’éclairait sous la plume de Dupont-White :

« Ce temps, disait-il, était hérissé de libertés ; le pouvoir royal s’y exerçait sous la conduite des États Généraux et trouvait dans les droits de la noblesse, des communes et des corporations, des limites infranchissables. »