Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/155

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morale, de l’inutilité des besoins compliqués, des fantaisies et des désirs qu’apporte l’argent, si épris de leur existence de rêve, qu’on les enviait presque.

Sur un seul point Toussenel perdait sa sérénité. Lui, si doux, si conciliant, devenait violent, avait des éclats de voix terribles lorsqu’on évoquait le « spectre du 2 décembre ». Il accusait l’empire d’avoir arrêté le développement des idées de Fourier, d’avoir rendu la France stérile, au moment où elle était préparée aux enfantements sociaux.

« Et, qui sait, ajoutait-il, si ce mouvement se représentera, si le mal social qui était accidentel en France ne va pas devenir chronique ? L’industrialisme tyrannique, le capitalisme juif, protégés, soutenus, à l’heure même où ils eussent été forcés de subir les lois d’association avec l’intelligence et le travail, créent des situations anormales qui peuvent un jour affoler notre pays. »

Son livre, Les Juifs, rois de l’époque, datait de 1844. Déjà, alors, il montrait la France dévorée par eux. Au moment où je le connus, il attribuait l’état de dépression morale dans lequel était la France à l’empire et aux juifs. Il n’avait pas de plaisanterie assez cruelle pour Millaud, pour Mires, pour « les émissions d’actions qui commençaient par assurer le profit de l’argent avant qu’une heure de travail ait été fournie ».