Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/163

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Mme Adam-Salomon et moi nous nous étions liées intimement.

Adam-Salomon et sa femme voyaient journellement M. de Lamartine, qu’ils admiraient et défendaient avec cœur. Le grand poète, très calomnié, très abandonné, gâchait de plus en plus sa situation matérielle, faute de proportionner à leur valeur les possibilités de la vie. Je fus stupéfaite de l’entendre un jour chez mes amis parler de combinaisons pour le Cours familier de littérature, dont les abonnements, très nombreux jusque-là, commençaient à baisser. Cette publication eût dû l’enrichir et rapporter des sommes énormes si… Ces si du grand poète étaient enfantins.

La noble et belle figure qu’il avait, et comme elle s’éclairait lorsque, bien rarement, hélas ! il causait de lettres, d’art ou de politique ! Mais revenait-il à « ses affaires », son visage s’assombrissait, se crispait, et il ne voulait plus parler que de chiffres, et quels chiffres !

Je souffrais quand je rencontrais M. de Lamartine chez Adam-Salomon, et je confesse que je le fuyais, tenant à conserver intacte en moi son image au travers de ses livres, de ses grands rêves poétiques et de quelques nobles causeries entendues.

M. de Lamartine avait demandé lui-même à Mme Adam-Salomon de faire la préface d’un petit livre d’elle très apprécié, L’Education, d’après Pan-Hoei-Pan.