Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/169

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qu’en lui rien ne paraissait devoir altérer. La fortune d’O'Connell était médiocre, mais elle permit cependant à l’ambitieuse Mme O’Connell d’attendre la réputation.

O’Connell, un lion à la salle d’armes, devenait un agneau près de sa femme. Ce grand diable féroce était touchant dans son culte pour celle qu’il appelait : « le génie de la maison. » Tous les duels de Paris à cette époque avaient O’Connell pour témoin.

Mme O’Connell possédait un talent incontesté. « La palette de Rubens, à moitié commencée par lui, est tombée entre ses mains. » J’entendis un jour porter sur elle ce beau jugement par Rousseau.

Les portraits du docteur Cabarrus, celui de Rachel, d’O'Connell dans son costume Louis XIII, furent classés par les grands peintres d’alors comme de très beaux portraits.

Elle faisait d’admirables pastels. Le mien, de son propre aveu, fut le moins réussi de tous.

Mais on apprend un jour qu’un lourdaud, demi-mathématicien et demi-spirite , arrache Mme O’Connell à la peinture, qu’il l’a convertie en même temps à l’algèbre et aux tables tournantes. Il a nom Landure et des façons d’ouvrier tailleur, à ce qu’on dit. Il s’établit chez elle, et, peu à peu, ou ses élèves la quittent, ou elle quitte ses élèves. O’Connell désespéré, qui n’est point parvenu à se battre avec le spirite, vient nous dire adieu à tous et retourne en Belgique.