Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/178

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avait déjà vu la veille et dont il était enthousiasmé, malgré son peu de succès.

C’est Charles Edmond qui m’apprit quelques jours après que Gounod, découragé de l’accueil fait à son Faust, venait de vendre la partition pour rien — dix mille francs — aux Choudens. On sait que les Choudens en ont tiré près de trois millions.

Mme Vilbort n’aimait que la musique allemande, et elle nous dit, en entendant Faust, dont moi je fus aussi ravie que Charles Edmond :

« La musique française est à sa fin, et la musique italienne ne se soutient plus que parce qu’elle est à cette heure la vibrante expression d’une cause nationale. »

Charles Edmond déclara avec moi que Faust était adorable, exquis, et qu’il atteindrait un jour ou l’autre sa centième représentation. Nous nous jugions excessifs au fond, mais est-ce que Mme Carvalho, à elle seule, n’a pas chanté Marguerite à l’Opéra plus de quatre cents fois ?

Quinze jours s’étaient à peine écoulés que je recevais la visite d’Alexandre Weill, porteur d’un petit bouquet de violettes ; il venait de la part de Meyerbeer m’offrir les fleurs traditionnelles et la moitié d’une baignoire de l’Opéra-Comique, à partager avec Mme Weill, pour la première du Pardon de Ploërmel. Le livret était d’un ami, Jules Barbier, comme celui de Faust.