Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/191

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écrivaient que nous « trahissions l’idée républicaine ».

La France redevenait militaire. On ne s’entretenait plus que d’actions d’éclat. Mac-Mahon, les zouaves, Victor-Emmanuel, alimentaient les conversations. On citait mille hauts faits glorifiant notre caractère national.

Je me rappelle qu’entre vingt noms de généraux, celui de l’un d’eux fut répété, qui s’était fait déjà remarquer en Crimée et qui, à Melegnano et à Solférino, avait donné des preuves extraordinaires d’audace et de courage. Ce nom, la France devait le prononcer un jour avec désespoir et avec honte, c’était celui de Bazaine.

La paix de Villafranca changea l’enthousiasme en déception. L’Italie n’était pas libre, « des Alpes a l’Adriatique », selon la promesse faite, et Napoléon III terminait brusquement la guerre.

« Vous le voyez, » fut le mot de tous ceux qui n’avaient pas désarmé, et plus d’un ajoutait : « Cet homme n’a aucun souffle pour le bien. »

Le régime parlementaire, répétait-on, ou n’eût pas permis de faire la guerre, ou eût empêché qu’on la cessât aussi brutalement.

« Et, disait M. Thiers, la France a maintenant pour ennemie l’Autriche et n’a plus pour amie l’Italie qu’elle a leurrée. Nous verrons la Prusse et l’Angleterre recueillir le fruit de notre sang versé. »