Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/257

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Nice et la Savoie ont été cédées à la France par Victor-Emmanuel. Chez Mme Fauvety, où je dîne avant d’aller avec elle aux Français voir Mme Plessis jouer dona Clorinde dans l’Aventurière, Charles Renouvier dîne aussi. Il nous lit une lettre de Jean Reynaud, qui passe l’hiver à Cannes depuis plusieurs années et qui lui dit, quoiqu’il soit un ennemi de l’Empire et aussi intransigeant qu’on peut l’être, que la France, en acquérant le comté de Nice, a ajouté un superbe bijou à son écrin. Jean Reynaud s’inquiète seulement de notre nouvelle frontière. Il craint que, pour conserver intacte sa chasse au chamois, Victor-Emmanuel ne garde ses bois jusqu’à Sospel , ajoutant que ce serait alors un grand danger si le versant du col de Tende qui regarde la France restait au Piémont. Jean Reynaud ajoutait que Renouvier devait en parler à Carnot et faire une campagne de presse avec ses amis en faveur d’une frontière sérieuse.

« Nous ne pouvons nous contenter d’un ruisseau, disait Jean Reynaud, ce qui serait folie, car le Piémont nourrit des ambitions passionnées qui peuvent, selon l’opinion prévoyante de M. Thiers, nous en faire un jour un ennemi. »