Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/280

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jamais à Taine d’avoir dit que le vice et la vertu sont de simples produits comme le sucre et le café. Je suis de l’avis d’About : on nous bourre de trop de systèmes, et Sarcey le pense comme nous. Nous ingurgitons trop de science. La réaction de l’imagination expulsée sera terrible. Elle nous reviendra avec des rêves fous et un cortège de superstitions fantastiques. Vous verrez ça, vous, les jeunes.

— Ah ! dit Vilbort, comme de telles discussions prouvent le vide des ragots politiques, je veux dès ce soir écrire celle-ci et la relire dans un quart de siècle. »

Moi aussi, comme Vilbort, le soir même, j’écrivis ce que je venais d’entendre. En 1878, un jour que Gambeita, Challemel-Lacour, Spuller, About, discutaient chez moi sur Zola, j’allai chercher mon vieux papier et je le leur lus. About se rappelait le sens général de sa discussion sur Taine avec Sarcey, et elle nous parut curieuse à tous. Elle l’était cependant moins encore qu’aujourd’hui, parce qu’à cette époque Gambetta, Challemel-Lacour et About lui-même pataugeaient dans le positivisme et dans le scientifisme.

On parlait de la convention entre la France et l’Angleterre pour faire cesser les massacres en Syrie, du débarquement de nos troupes, de la guerre de Chine, de l’occupation des forts de Peï-Ho. Nous gémissions en voyant partout les Anglais dirigeant notre politique de façon