Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/286

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lors il accabla son fils de lettres pour l’obliger à chercher un autre emploi.

« De guerre lasse, le malheureux céda et alla s’échouer dans un poste de surveillant de chemin de fer où il eut des émoluments tout juste suffisants pour manger à sa faim. Obligé souvent de faire son service la nuit au delà des fortifications de la ville, endroit malsain s’il en fut, il contracta une fièvre typhoïde. Son père prévenu se hâta si peu de se rendre à son chevet qu’il le trouva mort. De cela il se fût vite consolé, sans doute, mais, ô scandale ! il vit le cadavre entouré de cierges et tenant un crucifix dans la main. Ce spectacle affreux lui tourna le sang.

« Des amis du défunt, dont moi, nous nous trouvions dans la chambre. Il nous interpella avec véhémence et clama : « On veut donc me déshonorer, c’est une cabale ! qu’on jette dehors tous ces oripeaux !

« — Pardon, monsieur, dis-je d’un ton poli mais ferme, nous sommes des amis de votre malheureux fils, nous l’avons soigné à tour de rôle, durant sa maladie, non sans danger de la prendre. Voyant sa fin prochaine, votre fils a spontanément demandé l’extrême-onction et reçu les derniers sacrements. Nous nous opposons à ce qu’on enlève d’ici les symboles de la religion. S’ils vous gênent, adressez-vous en référé au président du tribunal.

« — Vous vous moquez de moi, répliqua