Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/336

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dévore et m’use plus en quelques semaines que je ne m’userais en une année dans ma province. Au fond, je sens bien que je ne pourrai jamais habiter Paris continuellement.

Je travaille. J’ai déjà fait trois petites nouvelles de mes Récits d’une paysanne. Mon père trouve ces récits très en progrès sur mes livres précédents. Voilà qui m’encourage. J’envoie l’une de ces nouvelles à Mme d’Agoult, qui la garde et me dit qu’à son retour de Lupicin, elle la donnera à John Lemoine, qui, elle se le rappelle, lui a parlé fort aimablement de Mon Village, et qu’il la prendra certainement pour les Débats. Ma grande amie ajoute : « Nous avons la Presse, le Temps, le Siècle, la Revue germanique, la Revue nationale, où notre ami Arthur Arnould en réclamera une certainement. Celles-ci placées, les autres iront toutes seules. Hetzel, d’ailleurs, pourra se charger de les proposer si on ne vous les demande pas. »

J’ai enfin le loisir de lire le volume : La décadence de la Monarchie française.

Mon père s’en repaît de belle façon. Songez donc ! Louis XIV, Louis XV, jugés comme « facteurs » de la grande Révolution ! C’est l’idée de mon père depuis que je le connais. Au principe : « Dieu seul est grand ! » , Pelletan substitue : « Le peuple seul est grand ! » Jamais je n’arriverai à écrire sur La décadence de la Monarchie française, tout ce qui se remue dans l’âme de l’auteur de mes jours. Je