Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/353

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Sainte-Pélagie, parvient à envoyer la sienne le soir même.

La potion de Cabarrus m’endort, et je ne sais presque plus rien de ce qui m’arrive, sinon que je suis bien installée dans un wagon, que le « Père », qu’Edmond Adam, qui m’avait tant déplu la première fois que je l’ai vu et qui m’est devenu très cher, me prodiguent leurs soins avec une bonté, un dévouement, dont je voudrais à chaque instant les remercier si l’on me permettait de parler.

Il neige au dehors. À Lyon, Mme Arlès-Dufour, que son mari a trouvé le moyen de prévenir, vient m’embrasser et m’appelle « sa fille » ; elle espère que je m’arrêterai à Oullins au retour ; j’éclate en sanglots, et Arlès-Dufour la fait descendre bien vite du wagon.

Nous voici à Toulon, dans un hôtel d’où je vois la mer. Le soleil entre par la fenêtre ouverte. Au dehors tout est bleu ; c’est ainsi que je me suis toujours figuré la « Grèce azurée ». Je respire pour humer cet air bleu ; il me semble qu’il va lutter en ma poitrine contre ce sang dont j’ai la bouche emplie. Je crois sentir les bienfaits de cet air bleu, et, sur un joli carnet que Cabarrus m’a donné, j’écris ce que j’éprouve de cette médication instantanée, ce qui fait beaucoup rire mes amis.

Il faut deux journées pour aller en voiture à Cannes, le chemin de fer ne dépassant pas encore Toulon ; l’an prochain, il ira jusqu’aux Arcs.