Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/388

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émus de l’affaire d’Aspromonte, de la blessure de Garibaldi. Avec son calme habituel, son bon sens accoutumé, elle m’écrit :

« Je vous dirai que je regrette profondément que ce beau type de héros sans tache, aussi éclatant dans son Caprera que le symbole même de l’abnégation et du patriotisme, soit tombé dans la guerre civile. »

Qu’on juge de nos illusions à cette époque en lisant ce qui suit de Mme Jean Reynaud :

« Quand on a établi dans son pays le suffrage universel, un parlement, que le droit y règne alors, et doit y amener tous les biens avec le temps, Garibaldi est, hélas ! de ceux qui se hâtent sans attendre la réflexion, comme dit Pelletan, et qui n’ont pas l’esprit aussi grand que le cœur.

« Garibaldi a sans doute un défaut de principe et de lumière à côté de tant d’héroïques qualités, et cela montre une fois de plus qu’on ne peut être tout. J’espère que les occasions glorieuses ne manqueront pas dans le monde à Garibaldi, que sa valeur et sa générosité passionnée s’exerceront dans des luttes plus justifiées. Il résulte déjà tant de mal de cette funeste entreprise qu’il doit être éclairé sur les conséquences et changer de voie.

« Mon mari, de son côté, comme moi, est enchanté de Pelletan et de sa lettre à M. Imhaus. Il faut une bien grande verve et beaucoup d’esprit pour faire ainsi douze brochures en