Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/396

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core que jusqu’aux Arcs. Arlès-Dufour a écrit à Paris pour nous retenir deux places dans le coupé de la diligence et elles nous sont assurées.

Le voyage est triste ; ma fille, qui cherche le bleu depuis notre départ de Lyon, ne voit que la pluie.

Aux Arcs, cette pluie est diluvienne, et, avec cela, pas un abri. Nous pataugeons dans la boue. La ligne du chemin de fer devant être achevée jusqu’à Cannes quelques mois plus tard, tout est à l’abandon aux Arcs. C’est affreux.

Un Anglais et sa femme sont installés à nos places dans le coupé. Je me mets si fort en colère que je sors mon revolver. Les gens de la diligence prennent parti pour moi. Enfin, j’ai mon coupé, mais l’un de nos sacs, dans les courroies, tombe sur la tête de ma fille, qui saigne abondamment du nez. Je crois l’avoir blessée gravement et je me désespère.

La diligence, qui fait son dernier voyage, gémit et se disloque ; mais la grande montagne de l’Estérel rappelle à Alice toutes les histoires de brigands que nous lui avons contées, car elle ne sait pas encore lire. J’ai résolument empêché ma mère de la fatiguer. Avant qu’on lui apprenne le b-a-ba, je veux que sa fragile santé se fortifie.

Mais voilà que la mer bleue, le ciel bleu, apparaissent à la descente de l’Estérel. Une saute