Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/456

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luisant des orangers ; les chevaux courent sur la route, soulevant la poussière, qui s’abat sur un troupeau de moutons, et le pâtre brigasque, en son costume, passe solennel, jetant à ses chiens des ordres sonores. Vingt tableaux se sont ébauchés sous mes yeux, ajoute Guillaumet. La nature m’offre généreusement ses modèles. À moi de choisir, à moi de fixer.

— Je veux être peinteuse, et vous me donnerez des leçons, n’est-ce pas, monsieur Guillaumet ? lui demande Alice.

— Hélas ! je pars ma mignonne. Je vais de l’autre côté de cette eau chercher des tableaux de nature plus lumineuse encore que ceux-ci, mais je reviendrai, et je vous engage, ma parole de peinteur, que je vous apprendrai à peinter. » Et Guillaumet rit de tout son cœur. C’est lui, à son tour, qui se moque de ma fille.

Le marquis de Villemer a un énorme succès à l’Odéon, m’écrit Edmond Texier. Les étudiants ont acclamé George Sand. On a crié : Vive la liberté I Vive le libéralisme ! Vive la tolérance !

J’ai envoyé mon Grand Pin à George Sand, qui ne m’a rien répondu. Mon livre, sans doute, lui a déplu. Après ce triomphe que tous les journaux constatent, je puis la féliciter. Pourquoi ne m’a-t-elle pas dit ce qui lui déplaisait en mon livre ? C’eût été charitable de me donner une leçon de lettres. Je vais le lui écrire.