Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/467

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— Songez, Nefftzer, à ce qu’a pu dire Ollivier, s’écria Toussenel, n’est-ce pas monstrueux, et ne faut-il pas être un apostat, quand on a été républicain, pour oser déclarer que « l’empire constitutionnel et libéral deviendra le gouvernement de la France » ?

— Toutes les questions de politique intérieure sont bien peu de chose auprès des événements qui s’engendrent à l’extérieur et menacent l’avenir de la France, reprit Nefftzer avec une véritable tristesse.

— L’illustre Jérémie ressuscite, s’écria Peyrat, entendez-le, il commence. Ecoutez le récit des massacres du Palatinat, la revanche d’Iéna ! Ecoutez le plaintif Nefftzer.

— Vous me provoquez, Peyrat, et m’obligez à dire ce que je n’aurais peut-être pas dit ici, quoique les oreilles qui m’écoutent vaillent joliment la peine du risque de moquerie que je cours avec vous. Oui, la revanche d’Iéna, on la prépare en Prusse depuis quarante-cinq ans. Les promoteurs ont dit qu’il leur faudrait un demi-siècle. Les temps sont proches. La Prusse vous abuse. Bismarck, retenez-le bien, est un homme de la trempe de Cavour, avec des brutalités utiles en plus. La France commet faute sur faute, elle gâche ses forces. L’aventure que Napoléon III fait jouer au Mexique à Maximilien, et qui finira très mal, nous créera des inimitiés dangereuses en Autriche ; or, pour l’Autriche et pour nous, il faudrait à tout prix que