Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/477

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— Oui, quand il ne se sert pas des armes qu’il a en mains pour défendre nos plus nobles sentiments d’héroïsme. Oui, le régime impérial détruit l’esprit militaire ; quand il livre au grotesque le plus abject nos admirations classiques, ce qui nous inspirait la beauté de nos attitudes dans l’art, il trahit l’esprit de la France ; il le livre à la blague et il atteint la source même de notre patriotisme. La belle Hélène après Orphée aux Enfers, c’est l’irrespect qui s’infiltrera partout, qui s’attaquera à tout, qui avilira tout !

— Le rire est français, et l’on dit que la Belle Hélène est encore plus drôle qu’Orphée aux enfers. Vraiment vous tenez tant que cela à ce qu’on honore encore les dieux grecs ?

— Parce que je les adore et parce que je crois que, quand on touche à une religion, on n’épargne pas les autres. Votre religion à vous est le patriotisme, l’armée. On vous les rendra ridicules et grotesques tout comme nos dieux légendaires.

— Quand un peuple rit, il ne songe pas aux révolutions.

— À moins que son rire n’en soit une. »

À l’automne, au moment de mon départ pour Bruyères, quand j’étais allée embrasser Mme d’Agoult, elle m’avait dit :

« Petite Juliette, je rêve pour vous un salon tout petit, très choisi, avec les traditions du mien, et nous le fonderons à votre rentrée. Je