Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/68

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Le nouveau Louvre, inauguré cette année-là, fut un palais de contes de fées pour ma petite Alice. En allant et venant des Tuileries, je passais toujours par les cours intérieures, et toutes les reines, toutes les fées de mes « histoires » habitaient chacune leur pavillon sur lequel ma fille ne se trompait pas : « Bonjour, la fée charmante ; bonjour, la reine bonne ; bonjour, la dame grecque. » Chacune avait son salut quotidien.

À un dîner chez Alexandre Weill, j’entendis prononcer pour la première fois le nom de M. de Bismarck. Weill l’avait connu à Francfort et il en parlait avec enthousiasme comme d’une sorte d’ours mal léché en apparence, mais d’une rouerie politique extraordinaire, faisant servir ses brutalités à ses finesses.

« C’est un hobereau, un terrien dans l’acception la plus brutale du mot, disait Weill, né pour vivre en forêt, mais que les siens ont destiné à l’administration, pour ajouter la certitude de la rente fixe aux aléas de la culture ; c’est un chef de clan, incapable d’obéir, et je me demande le fonctionnaire qu’il aurait fait.

« Député à partir de 1847, il blâma très haut son roi d’avoir cédé aux menaces du peuple et accordé une Constitution. Il fut d’ailleurs parmi les premiers à aider ce même roi à la reprendre.