Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/80

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pour sa patrie jeté par un homme qui allait à l’échafaud, cri que Napoléon III avait entendu et auquel il répondit l’année suivante, l’Empereur eût été prévoyant et habile en retirant la loi de Sûreté Générale que consentit, non sans résistance, à déposer M. de Morny. Cette loi, déclarée « douloureuse » par ceux-là même qui l’appuyaient et « funeste » par ceux qui la combattaient, fut, certes, l’une des plus graves erreurs de l’Empire.

La discussion sur cette loi fit surgir une opposition qu’on ne soupçonnait pas. Elle révéla que des députés, élus comme candidats officiels, pouvaient devenir hostiles au gouvernement. L’un d’eux, M. Gareau, déclara que c’est parce qu’il désirait le maintien de l’Empire qu’il votait contre la loi.

M. Baroche donna le mot vrai de la situation après la lecture du rapport de M. de Morny, en disant : « Nous savons bien que le parti républicain ne conspire pas, mais il reprend de l’importance, et cela suffit pour que nous nous croyions obligés de le frapper. »

Un seul sénateur, le maréchal de Mac-Mahon, vota contre la loi de Sûreté Générale ; mais, les séances du Sénat restant secrètes, nous ne connûmes son discours que par bribes et par des récits personnels de sénateurs. Mac-Mahon accusait les conseillers de l’Empereur de le pousser à sa perte. Un mot qui ne pouvait être écrit dans les journaux fut beaucoup répété : « Il