Page:Adam - Souvenirs d’un musicien.djvu/20

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petit opéra intitulé : l’Habit du chevalier de Grammont, dont le poëme et le jeu de Martin firent le succès.

Eller avait deux passions, l’une pour Chérubini, l’autre contre Catel… Pourquoi cette antipathie contre Catel, le plus doux des hommes ?… On ne put jamais le comprendre. Eller était très-pauvre, et la dernière année de sa vie, il donnait ses leçons chez lui à un quatrième étage de la rue Bellefonds. Un jour que nous allions chez lui, nous le trouvâmes dans sa cour, où il venait de fendre du bois, dont il allait monter une lourde charge à son quatrième. Nous voulûmes l’aider :

— Laissez donc, nous dit-il, depuis que je suis à Paris, j’ai appris à m’accoutumer à tout, à tout, entendez-vous ? excepté à la musique de M. Catel.

Eller mourut. On ouvrit un concours pour son remplacement. Ce fut Zimmermann qui l’emporta ; mais il fallait opter entre l’enseignement du contre-point et celui du piano qu’il professait déjà. Il préféra sa classe de piano, et Fétis, le concurrent dont la composition avait le plus approché de celle de Zimmermann, fut élu.

J’entrai dans la classe de Reicha. Ce dernier était aussi expéditif qu’Eller était lent. On faisait en une année le cours de contre-point chez Reicha, il en fallait cinq chez Eller. À peu près à la même époque, Boïeldieu fut nommé professeur de composi-