Page:Adam - Souvenirs d’un musicien.djvu/263

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nuellement accompagnés en accords soutenus et n’ayant rien de la manière Italienne, que Rousseau aurait voulu imiter. Les divertissements, à la vérité, sont bien les siens, et l’on comprend que les maîtres de ballet aient voulu substituer des danses à une pantomime qui n’est qu’une froide contre-partie de la pièce qui vient d’être jouée. En voici le programme écrit dans la partition, scène par scène, et mesure par mesure.

« Entrée de la villageoise. — Entrée du courtisan. — Il aperçoit la villageoise. — Elle danse tandis qu’il la regarde. — Il lui offre une bourse. — Elle la refuse avec dédain. — Il lui présente un collier. — Elle essaie le collier, et, ainsi parée, se regarde avec complaisance dans l’eau d’une fontaine. — Entrée du villageois. — La villageoise, voyant sa douleur, rend le collier. — Le courtisan l’aperçoit et le menace. — La villageoise vient l’apaiser, et fait signe au villageois de s’en aller. — Il n’en veut rien faire. — Le courtisan le menace de le tuer. — Ils se jettent tous deux aux pieds du courtisan. — Il se laisse toucher et les unit. — Ils se réjouissent tous trois, les villageois de leur union et le courtisan de la bonne action qu’il a faite. — Tout le chœur de danse achève la pantomime. »

On a peine à croire que toutes ces niaiseries, au-dessous des inventions chorégraphiques les plus plates, soient sorties de la même plume que l’Émile et le Contrat social ; mais dès qu’il s’agit de Rousseau, il n’y a pas de contradictions qui puissent étonner.