Page:Adam - Souvenirs d’un musicien.djvu/281

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irrésistible pour un art dont il ne soupçonnait pas les premiers éléments, mais dont les résultats exaltaient au plus haut degré son cœur et son imagination. Malheureusement les arts d’agrément n’entraient pas dans le programme des études du collège, et le père Dalayrac avait été inflexible lorsque son fils l’avait supplié de lui permettre de joindre l’étude de la musique à ses autres travaux.

Cette fois, il se montra moins rigoureux : son fils avait quatorze ans, sa raison commençait à se former : ses succès de collège étaient la garantie de l’application qu’il allait apporter à des travaux non moins sérieux. Le père ne vit donc nul inconvénient à satisfaire à un désir qu’il ne regardait que comme une fantaisie, mais une fantaisie innocente et dont l’exercice ne pouvait faire négliger ce qu’il regardait comme la seule chose utile et digne d’un travail réel.

Si la musique est presque toujours considérée comme un art essentiellement futile, on lui rendra du moins la justice de reconnaître que ses éléments et son étude sont extrêmement arides et ingrats. Les commencements de la peinture, de la sculpture, et de tous les autres arts en général, offrent déjà un attrait à celui qui veut les cultiver ; en musique, au contraire, rien de moins conforme, en apparence, que le but et les moyens. Pour arriver à ce résultat de procurer aux autres une sensation agréable par le son de la voix ou d’un instrument quelconque, il faut d’abord se condamner soi-même à subir les exercices les plus rebutants, les plus désagréables et les moins faits pour