Page:Adam - Souvenirs d’un musicien.djvu/316

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l’occasion de déployer son talent dans un genre tout opposé.

Le succès du Musicien amateur avait attiré l’attention d’un auteur également amateur, et qui avait fait représenter à la Comédie-Italienne quelques pièces sans importance. Marsollier des Vivetières était à peu près du même âge que Dalayrac, et ainsi que lui était passionné pour le théâtre ; mais là s’arrête la conformité qu’on pouvait remarquer entre eux. Marsollier avait de la fortune, et ses travaux littéraires n’étaient qu’un délassement, délassement qui à tout autre cependant aurait pu paraître un travail des plus pénibles, car Marsollier s’était vu refuser vingt-deux pièces de suite avant de pouvoir faire représenter son premier ouvrage. Tant de persévérance méritait d’être récompensée, et ce ne fut pourtant qu’après plus de dix ans de tâtonnements et d’essais presque infructueux, que Marsollier obtint un premier succès, mais aussi ce succès fut colossal, et Dalayrac fut assez heureux pour le partager avec lui.

Nina, ou la Folle par amour, fut jouée pour la première fois en 1786. Le sujet en était imité d’une nouvelle de d’Arnaud, insérée dans les Délassements de l’homme sensible. L’idée de mettre une folle au théâtre parut d’une telle hardiesse aux auteurs, qu’ils n’osèrent pas risquer cette tentative avant d’en avoir fait l’essai devant un public d’amis. L’ouvrage fut donc d’abord répété et représenté sur le théâtre de l’hôtel de Mlle Guimard. L’enthousiasme qu’il provoqua dans cette réunion d’élite rassura les deux timides oseurs, et ils