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DALAYRAC

layrac à saisir cette nuance, ce qui lui permit de modifier légèrement sa manière, mais de ne jamais la changer entièrement. Il voyait bien qu’il y avait un progrès chez les innovateurs, mais il comprenait aussi qu’ils dépassaient quelquefois le but qu’ils voulaient atteindre, et qu’en donnant plus de correction et de vigueur à leur harmonie et à leur instrumentation, ils négligeaient peut-être trop la partie mélodique, qui est celle qui touche le plus la masse, et à laquelle le public revient toujours. Dalayrac était plus ou moins heureux dans le choix de ses motifs ou la coupe de ses morceaux, mais on ne peut pas dire qu’il y ait jamais eu bien réellement progrès chez lui. Ses derniers ouvrages ne sont pas plus richement instrumentés que les premiers : il y a plus d’élégance dans la forme, plus d’habitude dans le faire ; mais c’est toujours le même procédé et le même système. J’ai en ce moment sous les yeux la partition de l’Éclipse totale et celle du Poëte et le Musicien, composées l’une en 1781, et l’autre en 1809, et je retrouve dans toutes deux le même point de départ et le même système de disposition, la même facilité insouciante, la même habitude de remplissage banal, et les mêmes éclairs d’inspiration à certains moments donnés.

Dalayrac eut le bonheur d’avoir, outre ses grands drames, parmi lesquels il faut citer Camille où presque tout est excellent, et dont le trio de la cloche est un chef-d’œuvre, de charmantes comédies à mettre en musique ; ces comédies devenaient musicales par l’importance qu’y acquéraient les rôles confiés à