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LORD LYLLIAN

Un second murmure d’horreur parcourut l’assemblée.

Ils s’en remettaient à peine, que deux silhouettes se détachèrent sur la porte ouverte du côté de l’avenue.

— Tiens, bonjour ! Comment que vous allez ! faisait à demi-voix Henri, le valet de lord Lyllian. Excusez-moi, je suis en retard… Je causais avec M. Pioux, l’agent du commissaire. Quand nous avons vu que tout était fermé ici et qu’il n’y avait pas moyen de passer par la cave, nous avons été prendre l’apero en face.

— À cette heure-ci ? interrogeait Julie, en minaudant. Il vous avait donc retenu, votre patron ? Ce que vous devez en savoir sur cette fête ?… Vous avez reçu les invités ? Il paraît qu’il y a des enfants morts qui font une tête…

— Pas possible ?

— Mais vous étiez là ?

— Allons donc ! Ce soir, dès six heures, le patron m’avait dit d’aller me coucher. N’empêche que j’ai renseigné l’agent.

— C’est donc sérieux ? La police va les surprendre ?

Henry déclarait.

M. Adam et moi, nous en savons assez pour qu’il aille au bagne !… Croyez-vous pas qu’il mérite la prison pour faire des bombes pareilles ?

Puis, tendre tout à coup, et bas :

— Dites, mademoiselle Julie… C’est-y pas pour ce soir, vos faveurs… Vous m’avez promis, il y a si longtemps… Ah, je peux bien vous l’avouer… De penser à vous quand je suis en chemise, ça me démange.

— Voulez-vous bien vous taire, m’sieu Henry. Quand on est beau comme vous l’êtes, on devrait parler comme un prince.