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APOTHÉOSE

Venier, femme de Foscari. Le masque tout blanc, donnait une impression de rigidité effrayante, d’au-delà. Des couleurs que l’on avait agilement disposées pour faire croire à la vie, seule la pourpre des lèvres subsistait comme chez l’autre. Et les yeux regardaient fixement, mais sans voir. La cire opaque de leurs prunelles était à la fois superticielle et profonde, elle semblait un abime, un abime voilé, comme chez l’Autre, comme chez Contarinetta. Jacques eut un tressaillement. Il lut la notice dans un guide, ne trouva aucune analogie évidente de parenté entre cette Catherine Venier et Contarinetta. Mais il n’en garda pas moins le symbole de cette tête raidie, de cette tête qui avait l’air de sortir de l’Eternité. Et il frémit à la pensée du baiser, comme s’il avait ressenti le contact humide et glacé de ces lèvres, de ses lèvres !…

Un autre jour, il se fit conduire en gondole au cimetière. Ce jour-là, il faisait gris et calme.