Page:Adelsward-Fersen - Notre-Dame des mers mortes (Venise).djvu/158

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
146
NOTRE-DAME DES MERS MORTES

Et pour cette petite âme d’enfant, presque pareille à la sienne, pour cette pauvre petite âme sans amour et sans apothéose, longuement, comme une offrande, il pria…

Et dans sa prière chantait l’Hymne à la Vie, l’Hymne au bonheur. Comme si le jeune enseveli pouvait l’entendre, il lui décrivait, mu par une affinité secrète, le triomphe du soleil que la mort ne remplace pas… Ayez pitié de lui, Jésus !… Il lui parlait des lèvres brûlantes à la première caresse, du cœur lyrique au premier rêve… Ayez pitié de lui, Jésus !… De la douceur tendre d’un souvenir, quand ce souvenir est joli comme un geste d’amour. Ayez pitié de lui, Jésus ! Il lui décrivait le triomphe du soleil.

Mais lorsqu’il revint à la barque, une immense tristesse l’étreignit.

Une semaine s’était écoulée ainsi. De nouveau, les cloches avaient tinté, les églises s’étaient ouvertes ; de nouveau Jacques vit, sans oser entrer, le porche sombre de Saint--