Page:Adelsward-Fersen - Notre-Dame des mers mortes (Venise).djvu/166

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Alors, Jacques sortit et prit à travers les ruelles le chemin du palais Labia.

Il suivit la Merceria animée de boutiques et de passants et vit à l’étalage d’un libraire son premier livre de vers, pastiche de ce XVIIIe siècle dont il se plaisait, enfant, à deviner la grâce, Ç’avait été pour lui une chose innée, comme un atavisme direct de son grand aïeul, le Maréchal. Bambin, lorsque son père était en garnison à Versailles et qu’il allait faire des promenades et des pâtés au petit Trianon, saisi malgré sa turbulence, saisi d’une émotion indéfinissable pour ce calvaire où une Reine de France avait agonisé, au milieu de quelles bergeries, de quelles chansons légères, il arrêtait ses jeux, cueillait des fleurs. Un jour, sa mère le suivit, le vit entrer dans les petits appartements, et déposer cette brassée odorante sur la courte-pointe de la Reine, avec un respect infini. Il passa, heureux de savoir son livre de franche jeunesse et de tendre passé à