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VENISE

pont dressé comme une arche dans le ciel comme une gigantesque et double corne d’abondance semblant verser des deux côtes de la ville, de toutes parts jusque dans les calles les plus désertes, le flot de ses haillons lumineux et superbes, de ses marchands et de ses fruits, avec le pont pour cadre, apparaissaient les plus vieux palais, rangés sur chaque rive comme des courtisanes caduques. Plus loin se profilaient les coupoles de Santa Maria dei Angeli et de Santa Maria dei Miracoli, où le soleil jetait des flammes d’or. Sur les vitres du palais Garzoni, c’était un crépitement de lumière. Les deux anges de pierre qui en ornent le faîte, étaient, vraiment ressuscités de leur séculaire immobilité, ouvraient leurs ailes pour une Assomption. Le palais Papadopoli, dans l’ombre, avait l’air de mâcher de la pierre. Plus loin, c’était Mocenigo, dont la façade a la forme d’une châsse avec les pierreries de ses médaillons de marbre et, tout à l’angle,