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NOTRE-DAME DES MERS MORTES

— Lorsque nous nous séparerons vous m’oublierez, parce que le visage change et que le temps l’efface… Mais j’aurai la mémoire fidèle de vos paroles où vibrait l’enthousiasme, la foi, la poésie. Je m’imagine que vous êtes l’incarnation de ce que vous dites. Je vous vois comme je vous entends…

— Alors, écoutez-moi, écoutez-moi, Ninette. Croyez-vous… Croyez-vous que grand-père consente à me donner votre main ? Je suis sans expérience et sans savoir… Mais je vous aimerai tant ! Je vous le jure. Maintenant je voudrais accomplir de grandes choses comme les chevaliers d’autrefois. Je désirerais partir pour les terres lointaines et revenir après des années, vous trouvant toujours aussi belle, aussi jeune, aussi fidèle, moi-même étant demeuré le même. Je désirerais partir et vous rapporter comme en triomphe des conquêtes et du butin et des fleurs inconnues pour parer vos cheveux. Ce temps là est fini, on y croyait lorsqu’on con-