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NOTRE-DAME DES MERS MORTES

Ici les seuls feuillages d’or montraient la langueur de l’automne. Venise, fermentation sublime, gardait son ciel bleu, sa lumière, sa joie. Le regret caché qui naît en France avec octobre n’existait pas. La vie demeurait calme, enveloppante et facile. La lagune pailletée de soleil avait l’air de jouer avec des perles. Jacques subit la fascination de l’eau. Le souvenir des barques, des voiles apparues la nuit lui revint, et son ancien désir de visiter les mers mortes. Torcello Burano, Saint-François-du-Désert l’attiraient. S’il prenait une gondole pour y aller ? Quel dommage de ne pas être avec Ninette… Et pourquoi pas… Le Marquis della Spezzia voudrait bien peut-être ? Le temps resplendissait. Jacques prit une plume, bâcla deux lignes, descendit et trouva un facchino pour aller porter sa lettre ; puis il se mit à la recherche d’une jolie gondole, le cœur vibrant d’espoir, comme la lagune qui vibrait de soleil…

Une demi-heure après le facchino revint,