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LA PRIÉRE

image de Saint-François, souriait encore entre les paroles consacrées :

O beata solitudo
O Sola beatitudo !

Liéven tourna la tête et vit pareil à un rêve innocent le pré de gazon, la haie de mimosa, le crucifix, les cyprès entre lesquels, comme derrière un autel en verdure la lagune luisait.

Un loquet levé, la porte ouverte, un frère en robe de bure dont le chapelet tinta. Et d’un geste, très simplement, ils furent accueillis.

Oh ! le misérable et pauvre endroit au premier abord, la désespérance de cette petite cour aux murs crépis, aux colonettes blanches. Au milieu du pavé un puits et penchés sur ce puits deux novices, deux enfants de quinze ans à peine, grands yeux clairs, un peu mélancoliques comme des yeux qu’une mère n’embrasse plus. Tête rasée, montrant davantage leur jeunesse et leur fragilité, car ces moinillons sont pâles et n’ont pas l’enveloppe rugueuse du paysan.

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