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NOTRE-DAME DES MERS MORTES

et léger comme elle, avec des caresses et d’autres choses encore. Voire âme y tremble un peu, parfois. Jacques, j’ai entendu votre âme chanter en elle. Vous êtes bon, plein de pitié… vous êtes poète. C’est parce que vous êtes poète que vous avez pitié et la pitié vous empêche de me voir comme je suis. N’est-ce pas, grand-père ? Toi seul je pourrai toujours t’aimer, parce que tu m’aimeras toujours. Mais vous, Jacques, le jour où je ne serai plus Juliette — l’ai-je été jamais — ce jour-là vous sentirez la douleur terrible d’être uni à la mort. Quand on est loin de la lumière, quand on ne voit pas le soleil et que les oiseaux n’existent plus que par leurs appels, lorsque les fleurs n’ont plus que leur parfum et que la joie des yeux est devenue vaine… c’est bien la mort. Et puis vous allez vers la vie, confiant, avec un sourire plein d’extase. J’aurais aimé écrire comme vous, comme vous aurais-je écrit, peut-être, si mes regards avaient tout