Page:Adelsward-Fersen - Notre-Dame des mers mortes (Venise).djvu/229

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
217
LE RENDEZ-VOUS AU CLOITRE

anémones, les tubéreuses, les lauriers roses, mêlaient leur parfum et paraissaient au-delà des murs jeter un peu de calme et de paix reposante sur les vieilles querelles. Eh bien, il irait a Florence, chercher l’oubli dans les fleurs.

L’oubli… les fleurs ! Oh, ce départ au cimetière. De nouveau il eut la vision rose de l’îlot à mi-chemin du désert. Puis les tombes des moines sans inscription, sans date même. Oublier… Partir… Est-ce qu’après tout ce n’est pas la vie ? Oui, mais lorsqu’on est jeune et qu’on espère… Par un soir de douceur nous irons rêver ensemble à Saint-Ambroise. Elle avait promis. Peut-être viendrait-elle ?… Alors un désir subit et chimérique le prit de connaître cet endroit où ils auraient été. Avant de quitter Venise il fallait prolonger l’extase. C’était bien permis, dis, Ninette ? Sans qu’elle n’en sache rien il murmurerait à la nuit ce que la nuit aurait seule entendu avec elle. Et il attendit jusqu’au crépuscule.

19.