Page:Adelsward-Fersen - Notre-Dame des mers mortes (Venise).djvu/231

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
219
LE RENDEZ-VOUS AU CLOITRE

mais d’un vert vivant, d’un vert plus liquide et plus boueux que l’émeraude. Un bateau passa tout proche du quai, les voiles serrées, filant sur la lame. Et la façade du palais des Doges était noire à côté de cette voile. Quel soir embrasé, quel soir tragique ! Jacques sortit de la maison, rencontra sur le seuil Sforzi. En l’apercevant le peintre qui ne lui pardonnait pas ce qu’il appelait son lâchage, le salua férocement d’un « Encore en bonne fortune, Sire ? »

— Zut ! Et comme Jacques, sans rien ajouter d’autre, prenait une des ruelles voisines pour trouver un gondolier il se retourna et vit Sforzi qui, d’un geste, haussait les épaules et donnait à son chapeau mou un coup de poing découragé.

— À San-Ambrosio ? Si Signor. La gondole glissait très vite et les vaguelettes du canal caressaient la coque légère avec un bruit de lèvres. Le vent faiblissait un peu et la lune, comme une perle grise, éclairait Venise de