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LE DERNIER SOIR

quelle enfant ensevelie par l’aurore… Chantez les violes… Voici la nuit qui tombe sur la mer, sur la ville. Vous souvenez-vous de l’heure, hier, de cette même heure grise que les âmes préfèrent pour partir à cause du soleil en allé, des étoiles qu’on attend ? Elle était pantelante, étendue sur son lit comme elle l’est encore sur du satin blanc, les mains jointes tenant un chapelet et une branche de lys. Elle savait qu’elle allait partir et elle attendait cela les lèvres closes, prête au mortel baiser. Le prêtre invoquait Jésus et la chambre était pure et des ailes bruissaient dans l’espace. Elle était pantelante mais elle vivait encore… Pleurez les luths… Oh que vos notes s’attristent et que vos accents soient profonds comme le cri des mères. Elle vivait encore ; c’est-à-dire que son souffle caressait l’air et que ses yeux, quoique aveugles auraient pu voir…

Maintenant, elle est inanimée, la petite Ninette,

et grand-père l’appellerait tout bas en se pen-

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