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GOUVERNEMENT ECCLÉSIASTIQUE

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teurs (l’iKiciie que de leurs auditeurs (Sim., nn, 6 ;

IX, 32).

Saint PoLYCARPE nous donne ici une impression moins optimiste. Le vieilévêquedeSmjrne, dont la vie seprolongea très longtemps, avait con nu Marcion avant que celui-ci ne fît le vojage de Rome. Il le rencontra après sa rupture avec l’Eglise, et Marcion lui ayant demandé s’il le reconnaissait : i Je reconnais, dit-il, le premier-né de Satan » (Iren, , Hær., III, 3).

Les Gnostiques ont beaucoup écrit. Cela était naturel, puisqu’ils se donnaient comme les initiateurs de l'élite intellectuelle aux secrets d’une science supérieure. Il n’est pas moins naturel que la défaite de ce parti religieux ait entraîné la disparition de sa littérature. Aussi, jusqu'à ces derniers temps, les livres gnostiques n'étaient-ils connus que par ce qu’en rapportent les auteurs orthodoxes. (.l. HarNACK a eu la patience de dresser un catalogue minutieux de tous ces renseignements bibliographiques. Die l’eherlieferungund derBestand deraltchristlichen Literatur, p. 144-231.)

Depuis quelque temps, les manuscrits d’Egypte commencent à nous rendre, en des versions coptes, les livres mêmes des anciens hérétiques. Ceux que l’on a découverts jusqu’ici proviennent, non des écoles alexandrines de Basilide, Valentin et Carpocrate, mais des sectes d’origine syrienne, que saint Ircnée décrit (Hær., I, 29 et suiv.) sous le nom générique de Gnostiques. Il a sûrement eu sous les jeux l’un de ces écrits : le chapitre qu’il consacre aux Gnostiques du type Barbelo I, 29) n’en est qu’un extrait assez incomplet.

D’autres (réunis par M. Cari Schmidt dans le recueil patristique de l’Académie de Berlin), moins anciens, du m' siècle plus ou moins avancé, témoignent d'évolutions intéressantes accomplies dans les mêmes sectes. On sait que, dans ce monde étrange, deux tendances morales se révélèrent de bonne heure, l’une plutôt ascétique, l’autre favorable aux plus dégoûtantes aberrations. Les livres retrouves s’inspirent de la première et combattent fort nettement la seconde.

En face de cette littérature hérétique, se développe la polémique des auteurs orthodoxes. Les uns s’attaquaient à une secte en particulier : 'Valentin et Marcion, celui-ci surtout, ont donné lieu à nombre de réfutations. D’autres entreprenaient de dresser le catalogue des sectes et se plaisaient à en étaler les bizarreries, en leur opposant le sobre, universel et traditionnel enseignement de l’Eglise authentique. Ce thème fut cultivé de très bonne heure. Saint Justin avait déjà écrit contre toutes les hérésies lorsqu’il publia son Apologie (SivTy-/, u « xarà r.v.' : w -/r/r/Jîu-dvojv ai’oîTî'j/v ÇipoL, , 26) ; HÉGÉsippE traita aussi ce sujet, non dans un livre spécial, mais dans ses « Mémoires ». Tout cela est à peu près perdu. En revanche, nous avons l’ouvrage de saint Irénée, livre capital, où, bien qu’il soit dirigé spécialement contre la secte valentinienne, on trouve une description des principales hérésies jusqu’au temps (vers 185) où l’auteur écrivait. Après lui vint Hippolyte, qui dressa deux fois le catalogue des sectes, sous deux formes et à deux moments de sa carrière. Son premier écrit, son a Syntagmn contre toutes les hérésies », est maintenant perdu ; mais nous possédons son second ouvrage,

« Réfutation de toutes les hérésies », plus connu sous

le titre de Pkitosopliiimena.

Dans la littérature des temps postérieurs, il faut faire une place de premier rang au grand traité de saint EpiPHANE, le Panarinn, compilation fort critiquable à certains points de vue, mais dont les éléments ont été puisés à des sources de grande valeur, le Syntagma d’Uippolyte, celui de saint Irénée, nom bre de livres hérétiques, connus, dépouillés ou cités par l’auteur, sans parler des observations directes qxi’il avait faites lui-même sur les sectes survivantes. Les compositions de Philastre de Brescia, de saint Augustin, de Théouoret, n’ont auprès de celle-ci qu’une valeur secondaire.

Dés les temps apostoliques, on trouve le nom de gnose appliqué tantôt à la doctrine chrétienne authentique (Rom., XV, i^), tantôt à diverses falsifications de cette doctrine (I Tim., vi, 20 : mniétcti rf ? ir^îojvvuîv -/ïoiTioi ;). A la lin du 11" siècle. Clément d’Alexandrie s’elTorce de promouvoir, sous le nom de vraie gnose — iCr.Oivr, -/va-i ; — le christianisme complet. Son entreprise n’a de commun que le nom avec celles dont nous avons raconté l'échec. L’effort des sectes gnostiques pour confisquer le mouvement chrétien est comme une première page dans l’histoire des HÉRÉSIES (voir ce mol).

L. DUCHESXK.


GOUVERNEMENT ECCLÉSIASTIQUE. —

I. Objections des modernistes et autres. — U. Caractère autoritaire du gouvernement de l’Eglise, affirmé plus fortement que jamais au xix' siècle : raison providentielle de ce fait. — III. Ce n’est point cependant un gouvernement sans garanties. — IV. On ne peut pas non plus reprocher à ce gouvernement une centralisation sans limites.

I. Objections des modernistes et autres. — Comme toutes les sociétés puissantes, l’Eglise a une forte discipline, et une autorité ferme. De tout temps, l’esprit d’indépendance et de révolte a élevé ses réclamations contre cette autorité. De nos jours, cet esprit ayant fait d’indéniables conquêtes dans la société civile, peut trouver dans ce fait un nouvel argument contre l’Eglise. Ne devrait-elle pas, elle aussi, accorder à ses sujets les garanties que proclament toutes les constitutions modernes ? ne devrait-elle pas faire sa place au mouvement déraoeralique ? D autre part, pour lutter précisément contre ces tendances et contre les autres périls qui l’entouraient, l’Eglise a dû de plus eu plus resserrer son unité. Xe serait-elle pas tombée ainsi dans une centralisation excessive ? Et ici, en plus des esprits insubordonnés de tout à l’heure, nous rencontrons en face de nous certains penseurs, d’ordinaire plus clairvoyants, qui. frappés de la centralisation excessive des Etats modernes et des abus qu’elle a entraînés, sont tout prêts à faire le même reproche à l’Eglise (on peut relever des préoccupations de ce genre chez Le Play et chez Taine).

Les modernistes devaient naturellement, après les américanistes, s’approprier ces attaques contre les prétendus excès du principe autoritaire. Voici comment l’encyclique Pascendi résume leur pensée à ce sujet : « Aux temps passés, c'était une erreur commune que l’autorité fût venue à l’Eglise du dehors, c’est-à-dire de Dieu immédiatement : en ce temps-là on pouvait à bon droit la regarder comme autocratique. Mais on en est bien revenu aujourd’hui… Xous sommes à une époque où le sentiment de la liberté est en plein épanouissement : dans l’ordre civil. la conscience publique a créé le régime populaire. Or, il n’y a pas deux consciencesdans l’homme, non plus que deux vies. Si l’autorité ecclésiastique ne veut pas, au plus intime des consciences, provoquer et fomenter un conflit, à elle de se plier aux formes démocratiques..A.u surplus, à ne le point faire, c’est la ruine. Car, il y aurait folie à s’imaginer que le sentiment de la liberté, au point où il en est, puisse reculer. Enchaîné de force et contraint, terrible en