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HOMME

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est aujourd’Iiui commune dans l’enseignement catliolifpie.

Telles sont, sur nos premiers parents, les tlonnccs les plus essentielles de l’hexainéron MMique. Evidemment elles nous introduisent en pleine sphère du merveilleux : de là surtout naît l’oposition de l’incrédulité à ce poème divin de nos origines. A une humanité auréolée par Dieu même, soustraite aux conditions de lavie présente et à la perspective de la mort, on préférerait soit une humanité de tous |)oints semblable à la nôtre, soit même une humanité inférieure, émergeant à peine de l’animalité et ne se dillerenciant de la brute que par un succès relatif dans sa lutte pour l’existence. La conception paraîtra plus terre à terre ; en revanche elle est moins déconcertante pour l’expérience quotidienne et permet de relier toutesles manifestations terrestres de la vie dans l’unité d’un système qui Halle la raison.

Mis en demeure de choisir, le chrétien préfère aux inductions hasardées d’une expérience inadéqua te les données certaines de la révélation. Il ne lui en coûte d’ailleurs aucun sacrillce d’ordre réellement scientilique. Car l’apparente simplicité des conceptions évolutionnistcs et naturalistes ne saurait compenser les confusions et les erreurs engendrées par la crainte <lu mystère et la crainte du miracle.

Le mystère, il est partout dans la nature, mais surtout à l’origine des choses. Si loin qu’on recule celles <c riiumanité et du monde, il faut bien en venir à un commencement absolu, c’est-à-dire à une action

« l’un genre à part, qui échappe à toutesles lois découvertes

par induction. A supposer même qu’on supprime toute initiative et qu’on prétende éliminer de l’histoire l’hypothèse Dieu, on ne pourra se dispenser de la réintroduire sousune autre forme, quine lui fera pas plus d’honneur et qui n’expliquera rien.

Quant au miracle, si l’on fait tant que d’en admettre la possibilité, on devra reconnaître qu’il n’est mille part plus convenable qu’à l’origine de cette cliose unique qu’est l’humanité. Le christianisme ne s’en tient pas là, et il voit dans l’histoire du monde l’exécution d’un plan providentiel qui est inauguré par l’adoption d’une créature privilégiée, restauré par la réhabilitation de cette même créature après sa fhute, consommé par le jugement universel à la (in des temps. Le surnaturel est au centre de cette histoire, dans l’Incarnation du Fils de Dieu ; pour s’étonner qu’il soit à la fin et au commencement, il faudrait n’avoir jamais rélléchi à l’économie divine du christianisme. Ouelle idée plus convenable que celle du Dieu créateur se penchant, plein d’amour et de munilicence, sur le berceau de la race d’où doivent germer ses élus et qu’il honorera par l’Incarnation de son Fils’.' Un mot célèbre de TEnTULUKN traduit éloquemment cette spéciale Providence de Dieu dans la création du premier homme : Quodciimqiie lintus exprimehatur, Christus cogitabatur lioinn fiitiirus (De resurrecliorte carnis, 6).

Voilà peut-être de quoi justifier, devant les esprits non prévenus, le mystère de la création de l’homme et le miracle de l’Eden. Il estvraique ni l’un ni l’autre n’a laisséde trace écrite dans l’écorcede notre globe. La nature n’a pas enregistré ce qui, desoi, n’était pas enregistrable. Néanmoins le dogme de la chute a bien sa valeur comme explication de l’énigme de cette vie (voir PÉCHÉ orioixel). Quoi qu’il en soit, la révélation chrétienne ne demande pas à la science iine démonstration que celle-ci n’est pas en mesure de fournir. Il lui svilTit de ne pas craindre ses démentis.

BiBLiocnvrniK. — Parmi les commentaires patristiques de l’Hexaméron, voir surtout saint Augustin, /)e Genesi ad litteram. — Puis, les commentaires

modernes de la Genèse. — Palniicri, De Pco créante et élevante, Rome, 18j8.

A. d’Alés.

II

L’homme préhistorique
d’après les documents paléontologiques

Notions préliminaires sur la science préhistorique, sa formation, sa méthode, son cadre.

On a appelé préhistoire tout d’abord l’ « histoire » des temps sur lesquels nous ne possédons aucun document écrit. Le mot histoire avait été consacré aux récits laissés par tel ou tel écrivain et qui nous font connaître une antiquité très variable suivant les pays. .insi l’histoire de la Gaule neremonlequ’à peu d’années avant l’ère chrétienne, tandis que celle de ta Grèce, de la Palestine, de l’Egypte, de la Chaldée embrasse plusieurs millénaires au delà.

Mais les époques qui ne survivaient pas dans des récils, nous ont laissé des objets de diverse nature et ces signesnon intentionnels, souvent obscurs mais toujours sincères, ontpuêlre interprétés par l’homme aclnel.On a ainsi reconstitué toute une humanité dont on ne soupçonnait pas l’existence. Ces objets sont tantôt les ossements de l’homme lui-même, tantôt les matières qu’il a employées pour les faire servira ses fins : outils, armes, parures, habitations, monuments, tombeaux, idoles, etc.

Il est probable que les énormes pierres dressées ou soulevées ou alignées, comme on en trouve tant en Bretagne, ont loujoursdonné l’idée de peuples disparus. Les haches polies ontégalement attiré l’altenlion depuis longtemps. Au xvm’siècle, on fut frappé de la constitution des dépôts de cavernes. Au début du siècle dernier, quelques chercheurs isolés airu-mèrenl l’existence de l’homme quaternaire. Les esprits ne furent conquis à cette idée que par un antiquaire picard, Boucher de Perthes, vers 1850. Depuis lors, la préhistoire a été l’objet d’innombrables recherches de détail et de quelques études d’ensemble. Les principaux savants qui se sont fait un nom dans ce domaine sontLARTET, Dupont, Piette qui a recueilli de merveilleux documents sur l’art quaternaire, etc.Les éludes d’ensemble sont surtout le Préhistorique de Gabriel de Mortillet où sont jetées les bases de la classification, la France préhistorique de M. GaR-TAiLHAcetle dernier et le meilleur ouvrage dans ce genre : le Manuel d’archéologie préhistorique de M. Dkchelette. Signalons aussi parmi les catholiques qui dans ce domaine ont mis leur science au service de l’apologétique, l’abbé Hamard, la marquis ne Nadaillac, M. Arceli.v.

Les recherches préhistoriques comprennent deux opérations : la récolte des objets ou documents et leur interprétation. Dans bien des cas et fort heureusement ces objets sont ensevelis sous des couches de terre. Les fouilles doivent être faites avec précaution et méthode ; leurs résultats sont des plus instructifs lorsque, sur un même point, on trouve des matériaux archéologiques à plusieurs niveaux, dans des terrains non remaniés. La stratigraphie permet alors d’établir l’ordre de succession des objets : ceux qui sont à un niveau inférieur sont plus anciens que ceux qu’on trouve au-dessus.

L’interprétation des objets consiste à découvrir si l’homme a recueilli ou modi/ié ou disposé tel objetnaturel et pourquoi et comment. Dans certains cas cette interprétation est facile : il est certain par exemple qu’un renne grave sur un os ou une pierre n’a pu être dessiné que par l’homme. Dans bien d’autres